‘’UNION SACRÉE’’, UN ATTELAGE POLITIQUE PLUS COMPLIQUÉ QUE LA COALITION

Après avoir gagné la bataille d’étape contre le bureau Mabunda à l’Assemblée nationale, Félix Tshisekedi compte poursuivre sa croisade de conquête de la majorité afin d’avoir le contrôle absolu de tous les leviers du pouvoir. L’exercice de son bataillon vise bien cet objectif avant tout politique. Le vote intervenu jeudi 10 décembre dernier en a, d’ailleurs, les atours.

Et pour cause, les griefs articulés contre les membres du bureau auront été loin de démontrer la crise de gouvernance qui était censée être sanctionnée. C’est différents griefs ont été loin de faire le poids face aux arguments avancés par les différents membres du bureau. À leur nombre, celui du rapporteur adjoint en aura été bien symptomatique. Député MLC, et donc non FCC, Jacques Lungwana a démontré la responsabilité de la quasi-totalité de ses collègues qui, depuis le début la législature, n’ont pas fait droit à leur obligation réglementaire de présenter leurs rapports des vacances parlementaires.

Qu’à cela ne tienne, la « tshisekedie » est bien déterminée à aller jusqu’au bout de son combat. Et pour cela, ainsi qu’on l’a vu jusque là, elle ne s’embarrassera pas, s’il le faut, des délicatesses légales, réglementaires ou morales du genre de la corruption bine évidente lors des premières passes d’armes auxquelles on vient d’assister.

Un saut dans l’inconnu ?

Mais pour quelle destinée ? Officiellement pour mettre en place une gouvernance qui répondrait à la vision du Chef de l’État qui l’axe, selon son dernier message, sur le bien-être des Congolais. Pour y parvenir, donc, Félix Tshisekedi s’emploie à constituer son Union sacrée de la Nation.

S’il ne s’agira pas d’une nouvelle coalition scellée par un ou de nouveaux accords – chat échaudé craint l’eau froide – le Président de la République va devoir se plier à des engagements avec de nouveaux partenaires, quoi que basés sur sa vision qu’il a énoncée.

Si hier, il était en ménage dans une coalition de deux partenaires constitués, chacun, d’autres coalitions, aujourd’hui le Chef de l’État se trouve à la porte d’un engagement syncrétique qui devrait le mettre en face de plusieurs forces hétéroclites qui, à moins d’un sursaut réellement patriotique sans précédent dans l’histoire politique de la RDC postindépendance, sont loin de donner des garanties pour une union apaisée et tournée résolument vers la rencontre effective des attentes du peuple.

Déjà le contexte de la politique ne fait pas bercer les observateurs d’illusions quant à un angélisme que les nouveaux partenaires apporteraient au leader des nouveaux « Unionistes ». Chacun y va de ses ambitions qui se traduisent par l’attente des maroquins, tandis que nombre d’entre eux perçoivent l’opportunité de se faire (ou refaire) une santé financière pour eux-mêmes et en prévision des élections. D’autres encore y voient une voie pour (re) prendre place au soleil ou pour rayonner à l’échelle nationale après avoir longtemps été de simples leaders régionaux.

L’Union sacrée et ces anciens alliés qu’il faut satisfaire

Ici s’impose, pour Félix Tshisekedi, le grand exercice de conciliation aussi bien des doctrines que des tempéraments et des égos. Bref, il devrait être question, pour lui, de s’aménager un environnement politique pouvant lui assurer un leadership confortable qui ferait de lui le vrai patron, le boss, face aux ambitions et attentes de tous bords.

D’abord au sein de sa propre famille politique. Ici, l’éviction du FCC des affaires se lit comme une occasion, une opportunité de satisfaire les attentes de tous ceux qui se bousculent encore au portillon, attendant un poste ici où là. Il s’agit, d’une part, de récompenser les uns pour leurs contributions au combat dont ils ne cessent de rappeler l’âge (37 ans). D’autre part, réaliser les promesses électorales, surtout pour cette jeunesse qui en a assez du chômage et qui voit désormais de l’emploi immédiatement.

A ce sujet, on se souvient de ces jeunes de l’Udps partis avec Bruno Tshibala qui ne se cachaient pas pour dire qu’avec la Primature, leurs mains avaient désormais l’occasion de manier le volant d’un véhicule après avoir, des années durant, utilisé des pierres dans des manifestations…

Mais à ceux là qui sont nombreux à Limete, à Mbuji-Mayi et ailleurs à travers le pays, il faudra ajouter tous ces autres belgicains, londoniens, parisiens ou encore ces combattants du Canada et d’Afrique du Sud, bref tous ceux de la diaspora qui attendent leur tour quand il voit déjà le cercle d’amis qui se meuvent autour Félix Tshisekedi.

D’autre part, le Président de la République va devoir délibérer sur le sort de sa coalition avec l’UNC (CACH) à laquelle s’étaient greffés bien d’autres opportunistes de la dernière heure comme Kin kiey Mulumba. Celui-ci ne fait pas mystère de la caution du grand Bandundu qu’il aurait apportée au Chef de l’État. Il entend bien la rentabiliser, et croire le contraire c’est ne pas connaître l’homme.

L’Union sacrée et ses nouvelles opportunités apportent également la salive à la bouche de tous ces alliés du lendemain de la présidentielle à l’instar du MPL Franck Diongo et de bien d’autres. Pour avoir été les premiers à soutenir Tshisekedi contre la coalition FCC-CACH jusqu’à l’embarrasser aux yeux du « peuple » pour son alliance avec Kabila, ceux-ci ne manqueront pas, non plus, d’attendre le retour de l’ascenseur. À califourchon sur la philosophie kinoise « profiter Pesho Drigo » (carpe diem), ils sont certainement les premiers à se dire que c’est cette fois-ci ou jamais. Les élections pointent à l’horizon et tout le monde aura besoin des moyens, ne nous voilons pas la face.

(A suivre)

Jonas Eugène Kota

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